
Cette dernière décennie, nous avons tous vu s’installer différents types de musiques dans nos paysages dont la Trap*, un dérivé du Rap originaire du sud des Etats-unis, plus précisément d’Atlanta. D’origine, la trap est une musique témoignant de la vie des dealers, sans filtre. Dans un reportage de Noisey, un (t)rappeur nous dit que la dope -drogue- fait partie intégrante de cette musique, et que l’un ne va pas sans l’autre. En gros c’est une musique décrivant la vie dans les « traphouses » (lieux ou se déroulent les trafics).
Une musique devenue « mainstream »
Comme toute sorte de musiques, la Trap a été détournée de son but initial. C’était une musique de dealers pour les dealers. Désormais, il s’agit d’un style musical plus populaire que beaucoup de médias décrivent comme le nouveau rap, même si des résistants continuent à faire du rap authentique. Au niveau musical, la différence entre les deux se remarque au niveau des instrumentales ou du débit des paroles: pour plus de détails vous pouvez vous référer à cet article de YARD.
Les thèmes abordés sont désormais multiples, mais il ne faut tout de même pas oublier d’où cette musique vient car on ne peut pas se permettre de critiquer les aspect d’un genre musical qu’on dit apprécier sans prendre son histoire en considération
Dans une interview, le compositeur et producteur Zaytoven définit la trap comme la musique des « hustlers »: en gros la musique des débrouillards, quelque soit leur domaine d’activité -légal ou illégal-. Le parfait exemple de cette nouvelle vision de la trap est le rappeur Ace Hood, qui ne fait pas l’apologie des drogues dures et évoque sa foi dans ses textes, tout en transmettant de la motivation et son sens de la débrouillardise avec ses refrains entêtants.
La drogue reste le thème de prédilection
Comme tout genres musicaux, la Trap à ses puristes, y compris aux Antilles où la plupart des codes en ont été intégrés. La drogue a toujours été omniprésente dans nos îles, donc cette musique a vite séduit mais a aussi contribué à démocratiser la tolérance quand à leur trafic ou leur consommation. Il est donc utile d’apporter quelques informations sur les principales drogues omniprésentes dans ces musiques, même si beaucoup les connaissent déjà. Voici 3 exemples:
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La cocaïne
La cocaïne est élaborée à partir de la feuille de coca. Suite à plusieurs mélanges avec une quarantaine de produits chimiques, on obtient un dépôt cristallisé qui après filtration et séchage donne le pur alcaloïde qu’est la fameuse poudre blanche. Elle est généralement consommée en inhalation par la voie nasale et ses effets sont nombreux. Mais en général les effets sont une sensation de surpuissance intellectuelle et physique et une augmentation de la vivacité. Evidemment, il y a des dangers: les plus récurrents sont les troubles cardiaques et nerveux ainsi que la nécrose des tissus sanguins. La consommation de cocaïne provoque la dépendance.
La Colombie est le premier pays d’ou provient cette substance, d’où le fait que les trappeurs lui vouent un culte d’autant plus qu’il s’agit du pays d’origine de Pablo Escobar, l’une de leur nombreuses références.
Ce qui peut être inquiétant, c’est le fait que cette drogue s’est beaucoup démocratisée auprès du jeune public ces dernières années, notamment à travers le cinéma.
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Le crack
Le crack est un sous produit de la cocaïne élaboré à partir de ses déchets auxquels on ajoute des produits chimiques comme le bicarbonate de soude et l’ammoniac. On obtient des cailloux plus ou moins gros destinés à être fumés à l’aide de pipe ou de canette rafistolée. C’est un produit « bas de gamme » et bon marché donc très accessible.
Il s’agit d’une drogue extrêmement dévastatrice pour le système nerveux. La dépendance est indiscutable et les risques sont nombreux (perte des dents, mort subite etc.). Les femmes enceintes qui en consomment font encourir à leur bébé le risque d’en être dépendant. Les addict au crack les plus visibles sont surnommés « pawo » ou « jumpy » aux Antilles et « crackhead » ou « junkie » dans les pays anglophones: ils sont généralement prêts à tout pour se procurer une dose, avec tous les dangers que cela comporte.
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La codéine
La codéine est une substance présente dans des médicaments pour la toux, auparavant en vente libre dans les pharmacies. Détournée de son utilisation principale, elle sera mélangée à un soda -généralement le Sprite- afin d’obtenir une boisson violette qui a la réputation de faire planer les rappeurs qui la consomment: le « purple drink ». Pour en renforcer les effets, certains y ajoutent d’autres substances comme de la prométhazine, médicament destiné à traiter les allergies.
A en croire cet article, la consommation de la boisson violette chez les musiciens remonterait à plusieurs décennies.
L’effet planant de la codéine peut devenir addictif et sa consommation répétée comporte des risques dont le plus fatal est l’overdose entraînant la mort. Mais de toute façon à la longue, le cerveau et les reins finissent par faire les frais de cette consommation.
La Trap music a surement encore de beaux jours devant elle, et les thèmes tendront sans doute plus à se diversifier, cependant il est vraiment important de saisir le sens des paroles de la musique qu’on écoute et surtout de bien apprendre aux plus jeunes à faire la part des choses car la plupart du temps, l’allusion à la drogue est une façon d’imager les choses. Le coté vendeur peut fasciner dans cet univers, c’est tout à fait vrai, mais le coté sombre peut tout aussi bien nous concerner un jour ou l’autre de près où de loin.
*Le mot trap est la traduction de « piège » en anglais, d’où certains jeux de mots
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