
Le cacao, comme dans le monde entier, tient une place très importante aux Antilles. Il n’y s’agit pas d’une culture phare et le chocolat que nous consommons dépend en grande partie de l’importation. Bien sûr, il existe une production locale et cette dernière ne demande qu’à être encouragée. A travers cet article, vous retrouverez plusieurs raisons de consommer du cacao local.
Le cacao dans la Caraïbe
La culture du cacao a commencé en Amazonie des centaines d’années avant notre ère et cette plante avait une telle valeur que les fèves de cacao servaient même de monnaie d’échange chez les Mayas.
Durant la période esclavagiste, les colons européens l’ont implanté dans la Caraïbe et ont tenté d’en faire une culture phare mais en vain. Etant donné que le chocolat n’avait pas le même succès qu’aujourd’hui auprès des masses européennes et en raison de maladies et catastrophes climatiques, le cacao a vite été délaissé pour laisser place à des cultures plus rentables [1]. De nos jours, nos territoires ayant hérité de cette économie, le cacao reste peu cultivé aux Antilles.
- Aux « Antilles françaises », toutes les occasions sont bonnes pour consommer du chocolat. Que ce soit dans la vie de tous les jours avec le chocolat que l’on fait avec le « bâton kako » ou dans les grandes occasions avec les chocolats de dégustation et le traditionnel pain au beurre-chocolat, il est partout. Ces dernières années, nous avons assisté à un retour du cacao local sur le marché en grande partie grâce au succès de chocolatiers locaux cherchant à le privilégier et développer une filière [2]. Des associations déterminées émergent notamment dans le but de promouvoir cette filière et la consommation de chocolat 100% local [3].
- Dans le reste de la Caraïbe, la culture du cacao est très présente et la demande mondiale de chocolat caribéen ne fait qu’augmenter. Des pays tels que Trinidad-et-Tobago, Grenade, ou encore la Jamaïque ont connu une forte croissance ces dernières années au niveau des exportations de chocolat fin [4]. Pour ne prendre qu’un exemple de l’espoir qui est mis dans la culture du cacao, la Dominique a récemment bénéficié de lourdes subventions en faveur du développement de la filière [5]. Le choco-tourisme est également très développé dans ces pays, comme c’est déjà le cas en Guadeloupe avec le Musée du cacao.
Une alternative à la monoculture?

Même si cela est évident pour beaucoup, la monoculture est la culture d’une seule et même espèce sur une exploitation agricole.
La monoculture est un modèle certes rentable mais qui ne respecte pas toujours l’environnement sur le long terme: nous en avons la preuve avec les multiples crises sanitaires aux Antilles (sols appauvris, pollution à cause de l’utilisation massive d’engrais et de pesticides chimiques entre autres).
La culture du cacao est particulière pour plusieurs raisons. Elle convient particulièrement à l’agro-foresterie , système ou il est possible voir nécessaire de planter sur la même parcelle d’autres cultures que les arbres et/ou introduire de l’élevage. Cela contribue à la lutte contre les nuisibles, la fertilisation, favorise un équilibre mais permet également à l’agriculteur de diversifier ses sources de revenus [6].
De ce point de vue, on peut dire qu’il s’agit d’une culture « saine » car elle permet de contribuer à la biodiversité et au respect des sols.
Tout est bon dans le cacao!
Voici quelques exemples de ce a quoi peut servir la culture du cacao entre autres (à part la production de chocolat):
- Le beurre de cacao: c’est un classique de la cosmétique qu’il est même possible de fabriquer même soi-même à la maison à partir de fèves .
- Comme cela a été dit dans un article précédent, la fève peut être consommée « crue », c’est à dire chauffée mais pas grillée au point d’être torréfiée: sous cette forme elle conserve la plupart de ses vitamines et minéraux.
- La liqueur de cacao: un certain nombre de producteurs en fabriquent aux Antilles.
- Les cabosses de cacao, mais également les coquilles des fèves, peuvent être compostées.

- Elles peuvent également être broyées et utilisées en paillage naturel pour freiner le développement de « mauvaises herbes » autour des plantations.
- De l’électricité peut être produite à partir des déchets de la culture du cacao comme c’est par exemple le cas en Côte d’Ivoire [7].
A partir de ces éléments, on peut dire que le cacao est une culture d’avenir et un exemple très parlant d’économie circulaire qui peut générer des emplois tout en respectant l’environnement sur le long terme.
Pourquoi soutenir le cacao local?
Participer au développement d’une filière 100% locale est déjà une raison de devenir « consomm-acteur » et privilégier la consommation de chocolat local, lorsque c’est possible, fait à partir de cacao produit en Martinique ou Guadeloupe quitte à payer un peu plus cher.
Parfois en consommant du chocolat dont nous ignorons l’origine exacte, nous contribuons peut-être au maintien de pratiques inhumaines dans les plantations de cacao à l’autre bout du monde comme l’esclavage…
Si nous souhaitons voir se développer cette culture, nous pouvons également nous réapproprier nous les savoirs-faire de nos ancêtres par exemple en réintroduisant le bâton kako dans notre vie de tous les jours au détriment des poudres de cacao instantanées venant d’ailleurs.
Il est également possible de planter du cacao soi-même, pour qu’il se réintroduise dans la plupart des jardins bò kay.

Et vous, privilégiez-vous le chocolat local? Avez vous des marques ou des produits locaux que vous aimeriez faire découvrir?
[1] Si l’histoire du cacao dans le monde vous intéresse, la page Wikipédia est plutôt bien renseignée.
[2] VIDEO: Les frères Lauzea défendent le chocotourisme
VIDEO: Parcours de Naomi MARTINO, Artisan chocolatier
[3] Valcaco sort sa toute première tablette de chocolat 100% martiniquaise
[4] The Caribbean Fine Chocolate Industry Is About To Explode
[5] $200,000 cocoa development project for Dominica
[6] Les planteurs de cacao peuvent doper les rendements grâce aux cultures intercalaires
[7] Côte d’Ivoire : Production de l’électricité à partir des résidus du palmier et du cacao
Ces liens pourraient vous intéresser:
Mini-reportage sur Kora Bernabé, ingénieure agronome martiniquaise et planteuse de cacao (à partir de 12:45): https://www.france.tv/france-5/silence-ca-pousse/1458395-emission-du-vendredi-15-mai-2020.html
Un documentaire de la chaîne « France 2 » qui amène a être plus vigilant sur l’origine du chocolat qu’on consomme: Envoyé spécial. Cacao : les enfants pris au piège – 10 janvier 2019 (France 2)
[Modèle inspirant] « Axel Emmanuel, 33 ans, gestionnaire dans une banque, quitte son emploi en 2010 pour se lancer dans la production artisanale du chocolat de « Côte d’Ivoire ». Un choix gagnant. » : Côte d’Ivoire : Du chocolat 100% ivoirien
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