ESCLAVAGE : 5 raisons de ne pas « tourner la page »


L’esclavage est un sujet qui n’arrêtera jamais de faire couler de l’encre et de soulever des problématiques. La plupart du temps, il est reproché aux afro-descendants qui s’en sentent concernés de vivre dans le passé ou de ne pas tourner la page. Il est tout à fait vrai qu’il faut vivre avec son temps et regarder avant tout vers l’avenir, ce qui est primordial. Mais il existe encore des raisons de ne pas tourner la page sur ce sujet:

L’histoire de l’esclavage n’est pas assez connue en France

Le 21 mai 2001, a été votée la loi Taubira tendant à la reconnaissance de la traite de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. Dans cette loi, on retrouve cet article:

Article 2
Les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l’esclavage la place conséquente qu’ils méritent. La coopération qui permettra de mettre en articulation les archives écrites disponibles en Europe avec les sources orales et les connaissances archéologiques accumulées en Afrique, dans les Amériques, aux Caraïbes et dans tous les autres territoires ayant connu l’esclavage sera encouragée et favorisée.

On ne peut pas nier qu’il y a du progrès et que les choses vont dans le bon sens, cependant l’enseignement reste « minimaliste » et axé sur la supériorité européenne envers les peuples déportés: le discours reste un discours de vainqueur.

Même si cela peut paraître insignifiant, cela contribue à la représentation que se font les jeunes d’eux même à cet age la. On oublie souvent de rappeler que l’histoire de ces êtres humains ne débute pas lors de leur capture et  que ces derniers n’ont jamais accepté leur condition et cessé de se révolter en usant de stratégies toutes autant élaborées les unes que les autres pour en finir avec l’oppression.

Pour aller plus loin sur la question, dans le paysage audiovisuel, l’esclavage ne tient pas une place importante et pour cause: en France les productions sur le thème sont jugés « pas assez bankable » ou démodées.

La question des réparations se pose toujours

Le 10 mai 2013, le verdict tombe: il n’y aura pas de réparations financières concernant la traite négrière et l’esclavage. La réparation est dite « impossible » et des propos d’Aimé Césaire sont utilisés afin d’appuyer l’argument, s’appliquant ainsi tout aussi bien à la dette haïtienne qu’aux réclamations des territoires d’outre-mer. Cela n’empêche pas à des organisations et des particuliers de continuer à lutter et de mener leur combat pour les réparations.

Qu’on soit pour ou contre l’idée de réparation financière, il faut tout de même admettre que les arguments sont recevables, à savoir que tout crime mérite réparation. Rappelons à cette occasion que suite à l’abolition de l’esclavage, les anciens propriétaires d’esclaves ont eux été dédommagés de l’équivalent de plusieurs milliards d’euros afin de pallier le manque à gagner de la perte d’une main d’oeuvre gratuite, d’ailleurs Victor Schoelcher n’y est pas pour rien.

Admettons que si à la racine même de nos sociétés actuelles il n’y a pas eu d’égalité, l’équation est biaisée dès le départ surtout quand on sait qu’ environ 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté aujourd’hui, mais libre à chacun de s’en faire sa propre idée.

Parce que le savoir est une arme, tout simplement

Marcus Garvey, illustre idéologue caribéen élevé au rang de prophète au sein de nombreuses communautés disait:

Un peuple sans connaissance de son histoire passée, son origine et sa culture est comme un arbre sans racines

Bob Marley, que tout le monde connait disait dans « Redemption song » :

Émancipe toi de l’esclavage mental, personne d’autre que nous-même ne peut libérer nos esprits

La question n’est pas de rabâcher bêtement le passé esclavagiste pour se victimiser et se chercher une cause, mais pour nous même comprendre et faire comprendre les effets négatifs qu’ont eu l’esclavage et la colonisation sur nos comportements actuels et s’en affranchir, si nous le voulons bien sûr…

Vu sur un média local: Comment a-t-on pu en arriver la en 2018? Soyons clairs ce n’est pas la religion de cette personne qui est mise en cause mais sa justification douteuse de ces pratiques…

Renforcer la solidarité afro-caribéenne

Quel est le point en commun entre les peuples afro-caribéens si ce n’est l’histoire de la traite négrière? Nou soti si mem bato, en d’autres termes « nou tout sé frè »… Il est en notre pouvoir d’en faire une force…ou une tare si on choisit de  poursuivre le chemin du mépris et de la méfiance découlant du simple fait d’être…français.

Vous vous rappelez de ce titre?

L’esclavage est toujours pratiqué dans le monde

On dénombre environ 40 millions de personnes réduites en esclavage dans le monde!

En novembre 2017, c’est la situations d’hommes et femmes retenus comme esclaves en Libye qui a choqué le monde et qui a soulevé les foules, cependant il y a des esclaves à travers le monde entier qui sont même très souvent des enfants…et cela a toujours été. D’ailleurs, dans nos modes de consommation modernes, nous contribuons parfois sans le savoir à cette exploitation d’êtres humains.


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