Identité martiniquaise: l’éternel débat | Chronique

Identité martiniquaise: l'éternel débat

L’article qui va suivre ne sera ni le premier ni le dernier traitant de l’identité martiniquaise tant ce sujet divise . Même si ce n’est pas une question de vie ou de mort, il est important de comprendre que l’époque que nous traversons risque de mettre à mal notre quête identitaire dans la mesure ou jamais la dispersion du peuple à travers le monde et la communication avec l’extérieur n’a été aussi importante, que ce soit par le fait des migrations de la jeunesse vers la métropole pour diverses raisons et la mondialisation accélérée par les nouvelles technologies, entre autres.

Il n’est pas question de prétendre pouvoir trouver une solution adaptable à tous les cas, surtout que de grands esprit ont longuement mené cette quête, aboutissant à différents mouvements tous autant passionnants les uns que les autres (négritude et créolité principalement). Ce sujet n’a pas fini de faire couler de l’encre et le but de cet article est simplement de poser le contexte le plus brièvement que possible, et de trouver une explication à l’agacement que suscite certaines tentatives de définition de l’ « Antillais ».

Définition du mot Antillais

Par définition, rien de plus logique, un Antillais est un habitant des Antilles. Voici la définition de Wikipédia concernant les Antilles:

AntillesArchipel de l’Amérique moyenne, étiré sur 2 500 km, du golfe du Mexique au large du Venezuela, entre le tropique du Cancer et 10° de latitude N., qui sépare la mer des Antilles de l’océan Atlantique.

Identité Martiniquaise?

On retient du paragraphe précédent que les Antilles ne se limitent pas à la Martinique et à la Guadeloupe, donc définir avec précision ce qu’est un Antillais génétiquement parlant relève de l’impossible. Jusqu’ici, « antillais » n’est pas une identité, mais une origine géographique, donc parler d’identité ou de culture antillaise reviendrait à englober toutes les Antilles (Cuba, Porto Rico, la Dominique etc.), ce qui n’est pas réaliste. Il faut donc être plus précis quand on parle des « Antilles ».

Peut-on parler de peuple Martiniquais ? Voici l’une des définitions du Larousse pour le mot peuple:

Ensemble de personnes vivant en société sur un même territoire et unies par des liens culturels, des institutions politiques

ou encore:

Communauté de gens unis par leur origine, leur mode de vie, leur langue ou leur culture

On peut donc parler de peuple martiniquais en tant que tel et donc de culture martiniquaise à proprement parler, dans la mesure ou l’origine se limite purement et simplement à la Martinique, que le mode de vie des habitants est similaire et résulte du brassage culturel de l’île, et que tous les martiniquais (en tout cas la majorité) parlent créole. Un drapeau et une hymne propres à la Martinique viendraient consolider ces liens.

C’est lorsqu’on intègre la notion de « passé commun » dans la définition du peuple que les choses se corsent car il remet en question la légitimité des blancs métropolitains à se revendiquer « Antillais » ou martiniquais.

Des communautés dans la communauté

Différentes communautés subsistent en Martinique malgré le métissage que certains décrivent comme inévitable: par exemple on peut parler de communauté indienne, chinoise ou même syrienne et les membres de ces communautés, malgré leur histoire propre, se définissent tout de même martiniquais: on parle donc de martiniquais d’origine indienne (coolie), etc.

Ce n’est donc pas impossible de revendiquer son africanité en toute liberté tout en étant martiniquais. On parlera juste de martiniquais d’ascendance africaine, ou d’afro-martiniquais, avec une histoire commune, celle de la déportation, des métissages forcés, du marronnage et de l’émancipation, entre autres.

De nombreuses idées reçues

« Les Antillais résultent d’un métissage entre amérindiens, africains, chinois et indiens »: Ces propos proviennent la plupart du temps d’afro-antillais rejetant leur africanité. Malgré l’évidence de traits négroïdes et la plupart du temps une couleur de peau qui ne laisse place à aucun doute, de simples yeux bridés peuvent faire de vous un chinois ou des cheveux lisses un indien. C’est totalement inexact voir faux de penser pouvoir généraliser un tel prétendu métissage à toute la population, qui rappelons le, comporte tout de même des communautés soudées et culturellement liées comme les coolies et que le « métissage » ne travestira pas. Les métissages de tout en chacun ne peuvent s’étudier qu’au cas par cas.

« Les Antillais sont africains »: Cette généralisation provient en général de personnes ignorant tout des Antilles mais prétendant détenir la science exacte en matière de généalogie, car n’ayant fréquenté qu’un ou deux Antillais dans leur vie. Encore une fois, c’est ne pas tenir compte de la réalité et des différentes communautés internes aux Antilles. Il faut être plus précis et parler des afro-antillais à qui il appartient de se définir eux mêmes, en tout cas l’afro-descendance est un fait.

L’intérêt de cet article était simplement de montrer que chercher à définir « les Antillais » (des Antilles françaises) aboutira toujours à quelque chose d’inexact.

Pour finir, voici un extrait du passage d’une écrivaine martiniquaise, Imaniyé Dalila Daniel, au journal télévisé ATV à l’occasion de la promotion de son livre « Zaïre et Théophile, Pas de pitié pour les nègres«  où elle parle, entre autres, d’identité.

Chacun est libre de se définir comme il souhaite, mais il faut  quand même tenir compte des réalités historiques et sociétales.

KreyolBase a fait le choix d’être un blog/site dédié à la communauté afro-martiniquaise et par extension afro-antillaise: l’africanité n’est donc pas un tabou ici.

Fabrice


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