Les antillais ayant quitté leur île doivent-ils revenir? | Chronique

Les antillais ayant quitté leur île doivent ils revenir?

Après avoir vu une vidéo qui circule sur le retour au pays et la difficulté des Martiniquais à se « réintégrer » (et c’est surement la même chose pour les Guadeloupéens), je me suis posé cette question: pour les antillais qui quittent leur île, est-ce un devoir de revenir?

Le but n’est pas de répondre à la question vu que chacun fait ce qu’il veut et est libre de vivre ou il veut, mais la question est surtout posée dans une optique de contribution au développement de son île.

Sachant que la vague d’Antillais ayant migré via le BUMIDOM est en grande majorité installée sur le territoire métropolitain définitivement et y ont pour la plupart fondé leur famille, à travers cet article on s’intéresse surtout aux vagues de migrations récentes. Pour ne prendre que la Martinique comme exemple, elle est la région française qui perd le plus d’habitants !

De multiples raisons

Ces départs sont généralement motivés par plusieurs raisons. Celles que je vais citer ne sont pas issues d’une étude statistique mais plutôt de discussions ou de mes observations en tant que jeune. Evidemment, le chômage très élevé fait que beaucoup de jeunes fuient la conjoncture économique en espérant pouvoir trouver une situation stable ailleurs. Poursuivre ses études dans des branches inexistantes sur leur île est aussi une motivation majeure, insularité oblige. Ensuite viennent d’autre raisons comme le sentiment d’être à l’étroit sur une île et d’aspirer à des espaces plus vastes. Il y à d’autres raisons, mais on entend souvent parler de la « mentalité antillaise » qui pousse à fuir.

C’est assez compliqué de définir ce terme sachant qu’il n’est pas applicable qu’aux Antilles contrairement à ce que les gens pensent, mais quand on en parle les principaux arguments qui reviennent sont entre autres les makrélages incessants, la jalousie des gens, la sensation de ne pas pouvoir être soi-même dans un territoire ou la pensée unique est la règle.

C’est vrai que dans nos îles, le manque de solidarité peut de plus en plus se faire ressentir au profit du sentiment de compétition omniprésent. Il est vrai que le fait de vivre en compétition, tous ensemble et toujours confronté au regard de l’autre n’est pas toujours évident et c’est sûrement la cause du « m’as tu vu » permanent auquel il est compliqué d’échapper car une rumeur est vite partie.

Certains ont besoin de « respirer », quitte à aller jusqu’à galérer dans le pays de la personne, mais au moins à l’abri du regard des « détracteurs ». Ce que les gens appellent « mentalité antillaise » ne se résume pas qu’à ça mais c’est sûrement l’aspect principal. Si vous avez une définition différente n’hésitez pas a la partager.

Les antillais tissent leur toile

En dehors des galères que l’on peut rencontrer en « métropole » ou ailleurs, il est rare de ne pas trouver des associations d’ultramarins, ou d’autres types de points de rencontres où on peut se retrouver entre « semblables »: la distance resserre les liens et c’est l’une des raisons pour lesquelles des compatriotes ne trouvent plus d’intérêt à rentrer définitivement lorsqu’ils sont hors de leur île parce qu’ils ont pu retrouver ailleurs ce qu’ils ne trouvaient pas chez eux: une communauté où ils peuvent échanger sans être jugés tout en cultivant et célébrant ce qui les rassemble: la culture.

Contrairement à leur vie aux Antilles, la promiscuité n’est plus un obstacle à la solidarité.

Promiscuité: situation qui oblige des personnes à vivre côte à côte et à se mêler malgré elles ; voisinage choquant ou désagréable.

De ce « communautarisme », de superbes initiatives sont lancées par des Antillais à l’étranger (Angleterre, Canada, France etc.) et ces dernières profitent à la communauté d’une manière ou d’une autre et ne sont pas à négliger. Je pense par exemple à des associations comme « Londonsquad » qui à pour ambition de promouvoir la culture antillaise en Angleterre ou  « Créolux » qui fait à peu près la même chose au Luxembourg.

De ce fait, peut-on toujours systématiquement considérer que les cerveaux fuient? C’est sur que la fuite des cerveau est réelle mais ce n’est qu’une interrogation, peut-être que dans certains cas ils sont plus utiles à la communauté à l’étranger que sur place, ou il n’auraient pas pu exprimer leur créativité ou leur génie à cause de frustrations quelconques.

La force de revenir

Dans la plupart des cas, on à beau  voyager dans tous les pays qu’on veut, notre cœur reste pris et la contribution au développement de notre île reste une priorité. Il y a ceux qui ne reviendront jamais et ceux pour qui être sur place est vital donc au final tout le monde y trouvera un jour ou l’autre son compte.

Généralement, ceux qui reviennent ne reviennent pas les mains vides et sont armés d’ambition et d’idées qui ne demandent qu’à germer. La vidéo qui suit provient de la page Facebook de « Lakwarel » (Un collectif de jeunes créatifs antillais). Elle est issue d’une série de vidéos traitant du retour au « pays » de Martiniquais intitulée « Palaviré »: une bonne initiative pour ceux qui pensent que revenir est un parcours du combattant.

J’ai préféré cette vidéo d’une part parce que la personne interrogée est née en métropole et que cela demande une double détermination, et d’autre part parce que son concept et ses idées sont vraiment intéressants.

Terminons sur une citation de Frantz Fanon, sortie de son contexte mais quand même applicable à la situation:

Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir

Libre à chacun d’interpréter cette citation comme il l’entend, mais force est de constater que notre génération à une mission à accomplir et nous en sommes chacun les acteurs: quelle est selon-vous cette mission? 

On parle souvent de génocide par substitution, présagé par Aimé Césaire lui-même. On ne va pas traiter ce sujet mais vous êtes les bienvenus pour vous exprimer dessus. Disons que la priorité est le respect des coutumes locales et du mode de vie insulaire, tant que tout cela est respecté et que l’âme de l’île est préservée: nous ne sommes pas sur le continent Européen et tant que tout le monde le comprend sans rien chercher à imposer, c’est déjà une chose. Cependant il est tout de même légitime de s’inquiéter sur ce que l’on appelle « grand remplacement ».

Fabrice


2 Comments

    • Bonjour, merci pour votre commentaire. qu’entendez vous par « histoire des Antilles »? Dans l’article personne ne parle d’histoire et la question c’est la fuite des cerveaux.
      Qu’il y ait eu des Européens ou pas avant les Africains n’a rien à voir dedans, les Antilles sont aujourd’hui majoritairement peuplées d’afro descendants c’est tout.

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