
Que l’on en soit originaire ou non, connaître l’histoire des Antilles est important pour de nombreuses raisons. On dit souvent que le savoir est une arme, mais une grande partie de ce savoir se trouve dans l’histoire qui ne commence qu’à peine a faire partie de nos centres d’intérêts. Ces cinq raisons pourraient peut-être vous convaincre que regarder dans le rétroviseur n’est pas forcément synonyme de stagnation voire de régression.
1. L’histoire nous permet d’affronter l’avenir
Cela a été dit et redit, il est plus évident de savoir ou on va lorsqu’on sait d’ou on vient. Nous devons connaître notre histoire afin d’éviter que certaines erreurs du passé ne puissent être reproduites. Dans un ancien article la question était de se demander s’il y avait trop de films sur l’esclavage et la déduction était négative surtout dans la mesure ou certaines pratiques inhumaines sont toujours d’actualité à travers le monde. Comprendre cette machinerie et les conséquences que cela a pu avoir sur notre société fait de nous des témoins vivants d’une histoire qui ne dois plus se répéter.
En dehors de ça, il faut savoir qu’énormément de réponses aux questions que l’on se pose aujourd’hui se trouvent dans les écrits de certains de nos prédécesseurs; par exemple, le livre « peau noire, masques blancs » de Frantz Fanon regorge de références toujours d’actualité: se servir de leur réflexion est un gain énorme de temps et peut éviter les remises en question perpétuelles.
2. Comprendre notre identité et sa complexité
L’identité antillaise est complexe, et connaître l’histoire des Antilles pourrait mettre définitivement un terme aux fréquentes remises en questions de la population concernant son appartenance identitaire car il n’y a que par l’étude de l’histoire que nous pourront comprendre les différentes étapes et « immigrations » qui ont constitué le peuple antillais tel qu’on le connais. Trop de visions différentes subsistent quand à l’origine de nos peuples: cela ne perturbe-t-il pas nos relations avec les autres? Comprendre son identité peut également passer par la constitution d’un arbre généalogique, mais cela demande de la disponibilité et beaucoup d’investissement personnel.
3.Etre fier de ce que nous sommes
Tout comme Booba l’a rappelé ainsi que de nombreuses autres personnalités, l’histoire est écrite par les vainqueurs. Dans le cas des « Antilles françaises » et de la Guyane, ces vainqueurs sont ceux qui ont défini nos programmes scolaires et qui, à travers les médias, ont le pouvoir de nous inculquer ce qu’ils souhaitent. Etant donné que nous vivons dans des territoires « français », il nous est appris les mêmes choses que les autres régions ce qui jusque là est « logique ».
Cependant, l’histoire de France est basée sur la conquête de territoires et l’exploitation d’humains déportés et il s’avère que nos peuples sont issus de cette part sombre de l’histoire. Il est donc indiscutable que d’un point de vue national, nous resterons perçus comme les descendant de victimes de personnages comme Napoléon, Christophe Colomb ou Louis XVI, qui elles sont décrites comme des héros.
A moins d’en être naturellement indifférent, cela a un réel impact sur notre estime de soi surtout si cela est martelé depuis l’enfance. Connaître la « vraie » histoire des Antilles permet de contrebalancer les choses et de comprendre que la France a ses grandes figures (« conquérants », « explorateurs » etc) et que nous avons les nôtres (grands résistants, marrons, stratèges hors pairs etc.) . Pouvoir s’identifier à des vainqueurs qui nous ressemblent et qui ont lutté sans relâche contre toute forme de domination a de quoi nous rendre fiers de ce que nous sommes jusqu’à aujourd’hui.
4. Rester authentique malgré la mondialisation
A l’époque ou on vit, on pourrait croire que l’histoire ne sert plus à rien dans la mesure ou nous sommes tous plus ou moins citoyens du monde. Pourtant si nous souhaitons préserver l’authenticité de nos territoires, il faut comprendre ce qui les rend unique dans leur histoire et accepter leur modernisation tout en conservant leur spécificités. La mondialisation est une bonne chose car elle rapproche les peuples et permet à tout en chacun de partager des points communs quelque soit son origine, mais les différences des peuples font la richesse du monde. Lorsque nous voyageons, nous souhaitons tous être « dépaysés » et comprendre les différences de l’autre à travers son l’histoire: il en est sans doute de même pour ceux qui visitent nos îles.
5. Renforcer notre solidarité qui ne fait que se perdre
Cela n’est réalisable qu’ en prenant conscience d’où nous venons et afin de se définir une perspective d’avenir commune, avec ou sans l’aide de la politique, qui nous permettra de regarder dans la même direction sans pour autant tous penser de la même façon et voir la vie de la même manière. Nous ne nous aimerons jamais tous les uns les autres et le monde ne sera jamais tout rose, mais nous pouvons tous au moins marcher vers quelque chose qui nous bénéficiera à tous, comme se sont efforcés de faire ceux qui nous ont précédé.
Merci pour ce bel article. Je vais pouvoir utiliser vos liens pour mes enfants et moi-même. Nous devons toujours connaitre au moins l’histoire du lieu où l’on vit.
Vous avez tout à fait raison! Merci pour votre commentaire et votre confiance.